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La recherche en cancérologie

La recherche en cancérologie est une activité majeure du CHU, avec notamment :

• 533 patients inclus dans une étude (thérapeutique académique ou industrielle, translationnelle, observationnelle, etc.) sur l’année (+14 % par rapport à 2021) pour 336 ouvertes ;
• une promotion académique prépondérante et 18 % de taux d’inclusions par promotion industrielle, pour un ratio cible national de 24 % (INCa 2020) ;
• un total de 294 inclusions dans des essais thérapeutiques soit 55% des inclusions en cancérologie. Ce ratio est supérieur au ratio national INCa 2020 de 48% ;
• un taux d’inclusions de 10% (533/5133 – base FHF 2021) par rapport aux nouveaux cas de cancer pris en charge au CHU (cible INCa de 15% et cible régionale OncoNormandie de 10%).

Quinze technicien.nes d’études cliniques (TEC) et infirmières de recherche clinique (IRC)

Des professionnelles dédié.es à la recherche en cancérologie travaillent auprès des médecins investigateurs des services cliniques du CHU. Rattaché.es au secteur investigation de la DRCI, il et elles exercent sous la responsabilité de coordinateurs.

La recherche clinique équipe

De gauche à droite Orlane Deboves TEC OARC, Élodie Geant TEC OARC, Raphaëlle Davesne TEC OARC, Cindy Boutté TEC Viscéral, Adeline Dunet IRC Thorax Vaisseaux, Fanny Audièvre IRC Viscéral, Emmanuelle Lelarge IRC Thorax Vaisseaux, Amélie Bréant IRC FME, Gaëlle Boulet TEC Viscéral, Nicolas Rodrigues TEC FME, Lucina Vincent TEC FME, Maeva Bizon TEC Viscéral.

Étaient absents le jour de la photo : Cathie Lavault IRC Thorax Vaisseaux, Frédérique Gambu IRC Pneumologie, Cécile Sauvetre IRC Thorax Vaisseaux

études

Pneumologie

Neo-Coast 2

L’avènement de l’immunothérapie a été une véritable révolution en cancérologie, tout particulièrement dans le cancer du poumon où elle est utilisée dans le cadre du soin courant depuis 2015 en cas de maladie métastatique et  depuis 2018 en cas de maladie localement avancée traitée par radiothérapie et chimiothérapie.

Jusqu’en octobre 2023, la seule opportunité de traitement par immunothérapie en cas de maladie localisée accessible à une chirurgie était la participation à un essai clinique. Depuis 2019, au sein du service de pneumologie, nous avons mis en place successivement cinq essais cliniques, qui ont permis à de nombreux patients de bénéficier de ces traitements innovants. En ce qui concerne l’essai clinique actuel, Neo-Coast 2, notre centre est le premier recruteur au niveau mondial. Cette réussite n’est possible que grâce à l’action de toute l’équipe de recherche clinique du service, une collaboration étroite avec les autres services, tout particulièrement ceux de chirurgie thoracique, d’anatomopathologie et d’imagerie, et des interactions fortes avec d’autres centres, CHG et cliniques, qui nous adressent certains patients.

Suite au congrès de l’ESMO en octobre 2023, nous savons désormais que les traitements de chimioimmunothérapie néo-adjuvante permettent de guérir davantage de patients atteints de cancer pulmonaire opérable, et sommes donc particulièrement heureux et fiers de pouvoir proposer cet essai innovant à nos patients.

Pr Florian GUISIER

Pneumoliquide

La recherche translationnelle en oncologie thoracique connaît un essor important au CHU de Rouen, avec la publication récente d’une étude coordonnée par les équipes d’anatomopathologie (Dr Nicolas Piton, Aude Lamy, Pr Jean-Christophe Sabourin, Gwenaëlle Arhant) et de pneumologie (Pr Florian Guisier, Dr Samy Lachkar, Pr Mathieu Salaün, Pr Luc Thiberville), portant sur la caractérisation moléculaire du cancer pulmonaire par « biopsies liquides » thoraciques. Dans cette maladie, la mise en évidence de certaines mutations est en effet indispensable pour prescrire certains traitements dits « ciblés », mai  les tumeurs sont souvent difficiles d’accès et la sensibilité des examens réalisés, comme la biopsie tissulaire, n’est pas parfaite. Ce travail a démontré que la détection de l’ADN tumoral dans les liquides prélevés pendant la bronchoscopie r-EBUS est environ deux fois plus sensible que l’analyse de l’ADN tumoral  circulant dans le sang. Ces résultats ouvrent des perspectives d’amélioration de  la prise en charge  personnalisée des patients atteints de cancer du poumon.

Par ailleurs, une collaboration scientifique est en train de  naître entre le CHU (Nicolas Piton et Jean-Christophe Abourin), l’école d’ingénieur INSA Rouen-Normandie (Samia Ainouz) et l’université Rouen-Normandie (Caroline Petitjean) et en lien avec Yvon Gervaise. Elle vise à construire un algorithme d’intelligence  artificielle capable de prédire, à partir d’une simple image microscopique, l’expression de certaines protéines dans les cancers du poumon. Rendez-vous dans quelques mois pour les résultats

Dr Nicolas PITON

Gynécologie-obstétrique

ÉTUDE CHIPPI
La CHIP dans le cancer de l’ovaire

Le cancer de l’ovaire touche 5 200 nouvelles femmes par an en France et le pronostic est  ombre : environ 75 % des cas sont en effet diagnostiqués à un stade avancé, c’est-à-dire avec la présence d’une
carcinose péritonéale. Un premier essai publié en 2018 a retrouvé des résultats prometteurs de la chimiothérapie intra-péritonéale (CHIP) dans les cancers de l’ovaire de stade avancé. L’étude CHIPPI est une étude randomisée de phase III multicentrique dont le promoteur est le CLCC Oscar-Lambret de Lille.

CHIPPI évalue la CHIP au cours d’une chirurgie première ou intervallaire dans le  traitement du cancer de l’ovaire. L’objectif est d’évaluer l’efficacité, en termes de survie sans maladie, de la CHIP combinée à la chirurgie  première ou intervallaire) comparée à la chirurgie seule. L’objectif d’inclusionest de 432 patientes (216 dans chaque bras) jusqu’en février 2027. Cette étude innovante est ouverte au CHU de Rouen
depuis 2020, avec 19 patientes incluses à ce jour grâce à la collaboration de l’équipe de chirurgiens gynécologues du Pr Eric Verspyck et de l’équipe de chirurgiens digestifs du Pr Jean-Jacques Tuech. 

Dr Morgane PERRIN

Urologie

ESSAI VESPER GETUG-AFU

Depuis vingt ans, de nombreuses études rétrospectives ou de phase II ont été rapportées, mais l’essai Vesper GETUGAFU promu par le CHU est la seule phase III randomisée comparant l’efficacité du GC (gemcitabine-cisplatine) ou dose dense MVAC (ddMVAC : méthotherxate, vincristine, adiamycine, cisplatine) comme chimiothérapie (CT) péri-opératoire dans le cancer de vessie localisé infiltrant le muscle (avant ou après la cystectomie totale).

Nous avons inclus 500 patients sur une période de cinq ans dans 28 centres français, une grande majorité (88 %) dans le groupe néoadjuvant. Le critère principal était la survie sans progression (SSP) à trois ans, récemment publiée dans le Journal of Clinical Oncology, avec une amélioration significative de la SSP à trois ans pour le bras dd-MVAC dans le groupe néoadjuvant. Nous avons présenté au congrès de l’ASCO 2023, à Chicago l’analyse finale de Vesper avec la survie globale (OS) et la survie spécifique (DSS) à cinq ans.

La CT ddMVAC améliore la survie globale à cinq ans par rapport au bras GC dans le schéma péri-opératoire. Dans le groupe néoadjuvant, la survie globale était significativement plus importante pour le bras dd-MVAC, avec un ratio à cinq ans de 66 % versus 57 %. De plus, la CT dd-MVAC augmentait significativement la survie spécifique à cinq ans dans le schéma périopératoire. Ces résultats étaient fortement confirmés dans le groupe néoadjuvant, avec un ratio à cinq ans de 75 % versus 60 %.

De façon intéressante, nous avons stratifié les courbes de  survie à cinq ans en fonction du bras de CT (GC ou dd-MVAC) et de la dose de cisplatine totale délivrée, permettant de différencier clairement trois groupes pronostiques dans la population : mauvaise survie : moins de quatre cycles à pleine dose de cisplatine ; survie intermédiaire : bras GC avec quatre cycles à pleine dose de cisplatine ; excellente survie : bras dd-MVAC avec quatre cycles ou plus quatre à pleine dose de cisplatine.

Conclusion
• L’essai Vesper GETUG-AFU est véritablement un tournant dans l’histoire de la chimiothérapie du cancer de vessie localisé.
• Dans le schéma péri-opératoire, la CT dd-MVAC permet une meilleure survie globale à cinq ans ainsi qu’une augmentation significative de la survie spécifique par rapport au GC.
• Notre analyse finale confirme la supériorité indiscutable de la chimio dd-MVAC versus GC comme CT néoadjuvante.
• Ces différents résultats vont bouleverser les pratiques et recommandations dans le cancer de vessie infiltrant, avec un impact évident sur les essais cliniques à venir.

Pr Christian PFISTER

Gastroentérologie - Chirurgie digestive

ÉTUDE RECTIL
Améliorer la fonction érectile après une proctectomie

Bien que la dysfonction sexuelle soit reconnue comme une complication fréquente du traitement d’un cancer du rectum, il n’existe actuellement aucune recommandation concernant sa prévention et sa prise en charge. La capacité du sildénafil (Viagra) à faciliter le retour des érections après une prostatectomie radicale a été démontrée dans plusieurs études et ce traitement pourrait bénéficier aux patients opérés d’un cancer du rectum.

L’étude RECTIL, qui va débuter en 2024, propose, pour la première fois, d’évaluer l’utilisation du sildénafil après proctectomie (ablation du rectum). Il s’agit d’une étude nationale, multicentrique, randomisée, contrôlée par placebo, en double aveugle, visant à évaluer l’efficacité et l’innocuité de l’utilisation nocturne du sildénafil pour la rééducation de la fonction érectile après proctectomie. Démontrer l’efficacité de cette rééducation permettrait de pouvoir proposer systématiquement ce traitement à tous les hommes pris en charge pour cancer du rectum. 

Pr Valérie BRIDOUX, Pr Jean-Jacques TUECH